L’impossible réconciliation

Publié le par sonia

 

Il faut être humaniste pour réconcilier. Or c’est justement leur déficit en la matière qui empêche le pouvoir tribal qui nous gouverne de réussir ‘sa’ réconciliation. Ils ne peuvent pas réconcilier les Ivoiriens parce qu’ils ne savent ni ne veulent le faire. En réalité, plutôt que de prétendre réconcilier les Ivoiriens, ils devraient chercher à se réconcilier avec eux. Mais on voit bien qu’ils ont une autre approche ridicule et puérile qui consiste à exiger que les autres leur demandent pardon. Selon eux, les seules règles valables pour la réconciliation disent que c’est à eux de pardonner, mais à condition que les autres leur demandent pardon. Tout ceci démontrant si besoin était, qu’ils ont déjà les verdicts de tous les procès.  Qu’ils ne se reprochent rien, on peut leur concéder cet égotisme, vu que tout le monde n’est pas capable pour de faire une autocritique sérieuse et se remettre en cause. Mais alors pourquoi ne pas humblement créer un cadre dans lequel chacun pourra dire à l’autre ce qu’il lui reproche, car c’est seulement sur ces reproches que peut porter l’essentiel de la réconciliation. C’est une évidence que pour se réconcilier il faut être au moins deux, et en désaccord. Deux critères cumulatifs. Il n’appartient donc pas à chacun d’estimer qu’il n’a rien à se reprocher.

Ahoussou 1er qui veut revêtir les habits de réconciliateur manifestement trop serrés pour lui (car il faut se faire petit pour réconcilier) n’est-il pas celui qui en réponse à une question relative aux mauvaises conditions de détention des prisonniers politiques de Korhogo, Odienné… disait avec un sourire narquois du coin des lèvres derrière ses lunettes de schtroumpf : « Vous savez dans quelles conditions nous étions au Golf ? » Parole de ministre de la justice garde des sceaux de la République ! Avec un tel manque de hauteur, on comprend difficilement comment il pourrait se métamorphoser en réconciliateur et hisser les débats à un niveau moins trivial.

Ces djoula et alliés ne nous réconcilieront jamais parce qu’ils estiment que les Ivoiriens qu’eux et leurs alliés ont assassinés depuis le 19 septembre 2002, date du début de l’agression armée contre l’Etat de Côte d’Ivoire  dirigé par Laurent Gbagbo, Président démocratiquement élu, n’ont pas autant d’importance que ceux qui sont morts dans le cadre d’un conflit armé généralisé. Ce pouvoir djoula et son armée tout aussi tribale considèrent que pour faire ‘leur’ réconciliation, point n’est besoin de s’encombrer des ‘boussmanis’ qui ont été égorgés par les vampires du Mpci, Mpigo et Mjp. Les crimes perpétrés par leur confrérie de sorciers-chasseurs traditionnels ne sont pas si graves que cela. Ils n’ont fait qu’abattre de vieilles femmes à Adjanou, quelques jeunes gens ça et là, immoler quelques gendarmes surpris par les événements et éventrer quelques femmes enceintes. Ce pouvoir djoula et maçonnique a décidé que les jeunes filles Bété, Guéré, Akyé, Dida, Ebrié… violées par ceux à qui ils essaient de donner aujourd’hui l’onction républicaine ne valent pas la peine qu’on parle d’elles. Leur sang est peut-être d’une couleur différente de celui des femmes d’Abobo.

Les orphelins, les veuves et les mutilés de 2002-2004 sont frappés de mépris par le régime Rdr qui veut faire ‘sa’ réconciliation sur les meurtrissures et les cadavres de tous ces Ivoiriens qui de Duékoué à Odiénné, d’Abidjan à Minignan en passant par Gagnoa, Bouaké, Torogué, Akandjé et Zambakro ont trouvé la mort et la désolation sans avoir compris ce qui leur était reproché. Des familles ont été profondément déstabilisées et n’ont jamais plus retrouvé la paix. Des traumatismes graves ont causé des déséquilibres d’abord insoupçonnés puis manifestés au fil des années. Des patrimoines perdus n’ont jamais pu être reconstitués et le pouvoir djoula d’Abidjan estime que quiconque évoque ces choses est arrogant et s’oppose à la réconciliation. Mon Dieu, est-ce qu’ils sont humains ces gens ? Pourquoi les victimes de 2011-2012 auraient droit à leur compassion et pas celle de 2002-2004 ? Pourquoi les accusés de 2011-2012 devraient faire pénitence et pas ceux de 2002-2004 ?pourquoi une loi d’amnistie était-elle exigée en 2002-2004 et les prisonniers de 2011-2012 ne seraient pas libérés ? Pourquoi le mandat d’arrêt de Bédié contre Dramane a-t-il été annulé en 2002 par Gbagbo et les poursuites contre ce même Gbagbo et tous les résistants Lmp ne seraient pas  abandonnées par Dramane en 2012, pour que soient enfin créées les conditions de la vraie réconciliation ?

Ce pouvoir djoula devrait savoir ceci : celui qui brandi sa capacité de nuisance pour vouloir imposer une ‘réconciliation’ sous pression ne peut obtenir que deux choses :

Premièrement, une réconciliation de façade motivée par la peur et le désir de préserver des intérêts personnels, et qui peut donc être rompue au gré des circonstances. De cette catégorie sont Gervais Coulibaly, Mel Théodore...dont les motivation profondes ne coïncident pas vraiment avec l’intérêt national.

Deuxièmement, un refus courageux et honnête de participer à ce genre de mascarade, quel que soit le prix à payer. De cette catégorie sont tous les résistants qui par leur engagement constant disent non à la réconciliation sélective et discriminatoire du pouvoir djoula d’Abidjan qui est depuis son installation par la force des armes, en quête de légitimité.

 

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